Depuis 1895, la minoterie Girardeau, transmet son savoir-faire familial de génération en génération. Sensible depuis toujours aux difficultés des agriculteurs, elle s’est engagée dès le début avec Agri-Éthique, premier label de commerce équitable français.
« Construisons ensemble le monde de demain » c’est notre nouveau rendez-vous, un territoire d’expression pour nos partenaires moulin. Dans cette interview, ils partagent leur avis sur l’avenir de leur métier et leur vision sur cette période incertaine et le besoin qu’ils ont de se tourner vers le commerce équitable.
Animée par des valeurs telles que la confiance, la transparence et la solidarité, l’entreprise fabrique de la farine labellisée Agri-Éthique et la commercialise auprès de 300 boulangeries partenaires. La crise sanitaire que nous traversons a bouleversé les entreprises mais aussi les modes de consommation. Bertrand Girardeau, directeur général de la Minoterie Girardeau (44), nous fait part de sa vision de l’après, et de la nécessité de se recentrer sur les circuits courts et d’opter pour le commerce équitable français.
Quels ont été les changements majeurs que vous avez pu décrypter pendant le confinement dans les boulangeries qui utilisaient de la farine Agri-Éthique ?
Juste avant le confinement, nous avons assisté à une ruée chez les boulangers. Les consommateurs faisaient des stocks de pain et les boulangers ont donc commandé beaucoup de farine. Ce qui les a poussés à faire ces stocks, c’est aussi l’inquiétude sur le fonctionnement des livraisons. Ensuite, l’effet inverse s’est produit, la consommation de farine en boulangerie a subitement freiné.
Suivant les régions, les baisses d’activités ont été différentes. Pour prendre l’exemple de notre moulin en région parisienne, nous y avons subi une baisse de 20%, qui s’est justifiée par le fait que les boulangeries à Paris fonctionnaient beaucoup avec le snacking avant la crise.
Les boulangers qui s’en sortent le mieux sont ceux qui faisaient déjà un chiffre d’affaires important sur le pain, et ceux installés en campagne et dans les petites villes, où les habitants ont continué d’aller dans les commerces de proximité.
Quelles ont été les répercussions sur votre activité ? Comment vous êtes-vous adapté ? Avez-vous proposé des approvisionnements différents ?
Quand la farine pour les consommateurs en grande distribution a commencé à manquer, nous avons été contactés pour pallier aux ruptures de stocks. Nous avons en effet une machine pour conditionner en sachet de 1kg, pour une gamme réservée à nos artisans boulangers. Nous avons préféré continuer à les soutenir dans ces moments difficiles et nos sachets de 1 kg ont donc été mis en avant dans les boulangeries très rapidement.
Agri-Éthique est basé sur des valeurs humaines et de solidarité. Dans cet esprit, avez-vous mis en place des initiatives solidaires de votre côté ?
Oui, nous avons bien sûr donné de la farine à des associations, dernièrement nous avons eu l’occasion d’en donner à la banque humanitaire de Montaigu. Avec l’union régionale des meuniers, nous avons également donné 10 tonnes de farine aux associations alimentaires de la région. Depuis toujours nos valeurs sont celles du partage.
Vous avez adhéré au label de commerce équitable français Agri-Éthique il y a deux ans, en quoi est-ce plus que jamais une démarche importante pour vous ? Quelle est votre vision de l’« après » ? Cette crise va-t-elle transformer durablement les mentalités de chacun, l’envie de consommer local, plus solidaire, plus éthique ?
Nous sommes engagés en faveur du commerce équitable français et des circuits courts depuis longtemps, mais je pense que cette crise va nous y emmener tous bien plus vite. Nous allons devoir modifier notre manière de nous approvisionner. C’est parce que nous avons travaillé avec des agriculteurs locaux, selon le modèle du label Agri-Éthique que nous avons eu une grande facilité à être approvisionnés dans nos moulins.
Nous allions auparavant chercher nos blés à 145 kilomètres en moyenne autour du moulin. Aujourd’hui, nous avons déjà réussi à réduire cette distance à 75 kilomètres.
J’espère que dans les années à venir, l’ensemble de la filière se posera les bonnes questions et se demandera si c’est raisonnable, par exemple, d’aller chercher sa farine à plus de 150 kilomètres. Nous devons relancer l’activité dans notre tissu économique local. Et cela mène forcément au commerce équitable français. Il faudra en effet peut-être payer un petit peu plus cher pour permettre aux agriculteurs de nos régions de vivre mieux. Mais je suis sûr que le consommateur est prêt à l’entendre et que c’est même lui qui va le demander. La transparence, la solidarité seront les valeurs de demain.
Le commerce équitable français comme nous l’avons imaginé avec Agri-Éthique est la solution pour protéger notre indépendance alimentaire tout en préservant l’agriculture et la planète.