Le 14 septembre 2018, Agri-Éthique a rejoint le collectif « Commerce Équitable France ». Une adhésion qui lui permet de participer activement à la mise en place de la stratégie du secteur équitable en France, au même titre que ses pairs. Pour le collectif, accueillir ce nouveau membre est une opportunité pour toucher d’autres acteurs agricoles. Rencontre avec Ludovic Brindejonc, directeur général d’Agri-Éthique et Julie Maisonhaute, responsable Commerce Équitable Origine France.
Quand vos deux structures se sont-elles rencontrées ? Qu’est-ce qui vous a plu dans la démarche de l’autre ?
LB : Quand j’ai lancé Agri-Éthique, en juin 2013, je ne connaissais pas vraiment ce qu’était le commerce équitable. La rencontre avec Commerce Équitable France s’est faite par hasard, via l’association Napce qui organisait une conférence sur le thème du commerce équitable. Étaient également présentes des personnes de Max Havelaar. Nous avons commencé à échanger. C’était en décembre 2016. Ce sont eux qui ont parlé de nous au collectif qui, à l’époque s’appelait « Plate-forme du commerce équitable».
JM : À l’époque, nous n’avions jamais entendu parler d’Agri-Éthique. Ce qui nous a intéressé, c’est le dispositif mis en place pour permettre une juste rémunération des producteurs. Finalement, ils faisaient du commerce équitable sans le savoir ! Le fait que le pacte Agri-Éthique bénéficie à plusieurs acteurs d’une même filière nous a particulièrement plu. Agri-Éthique est également la première démarche Nord-Nord à rejoindre notre collectif.
Près de deux ans ont été nécessaires pour « valider » l’adhésion d’Agri-Éthique. Quelles ont été les différentes étapes de ce processus ?
LB : Intégrer le collectif ne se fait pas à la légère ! Trois parrains volontaires, de Max Havelaar, Artisans du monde et Faire, ont durant 18 mois construit notre dossier. Ils ont rencontré nos partenaires meuniers, boulangers mais aussi la direction et le conseil d’administration de la Cavac. De nombreux échanges, un diagnostic, un état des lieux, des questions sur la gouvernance, la stratégie du groupe, notre vision à long terme… Ce regard extérieur nous a conforté dans le bienfondé de notre démarche.
JM : Une fois tout ce travail réalisé, les parrains listent les atouts du « candidat » et les points à améliorer. Le conseil d’administration se réunit ensuite pour voter. Dans le cas d’Agri-Éthique, le « pour » l’a emporté à l’unanimité. Cette démarche, bâtie au sein d’une coopérative, est unique et s’avère un levier puissant pour toucher d’autres acteurs agricoles français et ainsi, promouvoir le commerce équitable, à savoir davantage d’équité dans toutes les relations économiques pour encourager la justice sociale, les droits humains et la protection de l’environnement.
Qu’est ce qui a changé depuis votre adhésion au collectif Commerce Equitable France ?
LB : Appartenir au collectif, c’est avant tout profiter de belles rencontres humaines. Les trente membres agissent tous dans des domaines très variés. Au départ, nous nous sentions un peu différents ! Notre activité n’est pas uniquement bio, nos produits sont à 100 % origine France… La curiosité l’a très vite emporté sur la crainte. Ce sont des gens très ouverts. Les débats sont directs et transparents. La volonté est réelle de démocratiser le commerce équitable en l’ouvrant à de nouvelles initiatives. Nous faisons désormais partie de la même famille : une vraie reconnaissance ! Nous participons également à de nombreux colloques où nous présentons notre démarche. Sans oublier que nous faisons désormais partie du comité national du commerce équitable origine France et qu’à ce titre, notre voix compte pour bâtir le commerce équitable de demain.
Précisément, comment imaginez-vous l’avenir de votre collectif ?
JM : Notre structure était, à sa création en décembre 1997, avant tout un lieu de dialogue et d’échanges pour promouvoir davantage d’équité dans toutes les relations économiques. Aujourd’hui, nous sommes également l’un des interlocuteurs privilégiés des Pouvoirs Publics. En ouvrant notre collectif à de nouvelles démarches, nous souhaitons promouvoir le commerce équitable dans un contexte de marché très porteur. Les ventes de produits équitables d’origine France ont progressé de 18 % entre 2016 et 2017. La demande des consommateurs s’accroit : nous devons y répondre.
Après le blé, le sarrazin, les œufs, le lait, la viande de porc… quel avenir pour Agri-Éthique ?
LB : Nous cherchons à développer ce concept sur d’autres viandes et pourquoi pas sur le vin et les fruits et légumes. Adhérer à Commerce Équitable France me donne également de nouvelles idées comme par exemple fabriquer des produits « mixtes », qui associeraient des produits issues des filières Nord-Nord à d’autres provenant de démarches Nord-Sud. Participer à ce collectif, c’est avant tout se l’approprier. Dès que j’en ai l’occasion, même dans ma sphère privée, j’évoque le commerce équitable. Les mentalités évoluent à toute vitesse. De plus en plus de personnes tiennent compte des modes de production et de consommation durables dans leurs actes d’achat. Nous avons donc toutes les raisons d’être confiants pour l’avenir.
Chiffres
Un marché en pleine croissance
En 2017, les ventes de produits de commerce équitable Origine France ont représenté 31 % du chiffre de vente global des produits issus du commerce équitable, soit 323 M€ sur les 1,04 M€ générés à l’échelle mondiale.
- En France, 240 produits sont référencés « Commerce équitable Origine France », dont 90 % dans l’alimentaire : fruits et légumes, pain, produits laitiers, viande, plantes aromatiques, cosmétique…
- En France 4795 producteurs sont impliqués dont 46 % en agriculture biologique.
- Commerce Équitable Origine France compte 30 membres dont des réseaux de distribution (Biocoop, Altermundi, Artisans du monde), des labels (Agri-Ethique, Ates, Bio Partenaire, Fair for Life, Fairtrade Max Havelaar (producteurs paysans), des acteurs de la recherche et de l’enseignement (CDTM, Fairness, Campus St Félix-La Salle), des associations de consommateurs, des entreprises et des organisations de solidarité internationale.
- Commerce Équitable Origine France, c’est un budget de 500 000 € :
• 69 % de subventions publiques,
• 23 % de cotisations et contributions des membres,
• 8 % de subventions privées.